Electronique responsable vs responsabilité de l’électronique

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De plus en plus de nouvelles alternatives émergent pour permettre de réduire les effets de nos modes de vie sur l’environnement. Commown en fait partie. Elle propose de s’attaquer à l’énorme chantier du secteur de l’électronique ! Pourquoi ce secteur n’est-il pas responsable aujourd’hui ? C’est à cette question que cet article va essayer de répondre.

Quelques chiffres généraux…

Dans son rapport de 2019, intitulé “Impacts environnementaux du numérique”, l’Insee écrivait : “En 2011, 17 % de la population française détenaient un smartphone, ils sont 75 % en 2018”. En 7 ans, nous sommes passés de moins d’¼ aux ¾ de la population française à détenir un smartphone. Parallèlement, dans le monde, 1,373 milliard de smartphones ont été vendus en 2019, selon l’IDC. A noter que, l’IDC prévoit une augmentation de +7% d’ici à 2024. Et ces chiffres ne tiennent pas compte de l’explosion annoncée du nombre “d’objets connectés” que la divine 5G va permettre de mettre sur le marché.

Pourquoi ces chiffres sont-ils préoccupants ?

Le numérique est responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), d’après une étude de 2021 de Green IT. En France, les émissions de GES du numérique ont été multipliées par 3 en 10 ans. Le numérique a donc un impact environnemental réel, même s’il est caché… On ne voit pas, par exemple, que 70 kg de matières (dont ⅔ de matières premières) sont nécessaires pour fabriquer un smartphone de quelques centaines de grammes (voir figure 2 Insee). Par ailleurs, la production des appareils électroniques nécessite beaucoup d’eau douce ! A Taïwan (le premier pays producteur de semi-conducteurs) suite à une année de sécheresse, les autorités ont interdit l’irrigation de culture pour réserver l’eau aux usines du secteur électronique. Manger ou produire des processeurs, il faut choisir…

L’impact humain lié à la fabrication des appareils électroniques ?

Nous avons vu que le secteur électronique est une catastrophe pour l’environnement. Si l’on tire le fil, impacter l’environnement, c’est impacter la biodiversité et, in fine, l’humanité. Par exemple, l’on sait que le changement climatique va perturber des régions entières et provoquer le déplacement de réfugiés climatiques. Mais on oublie souvent que pour fabriquer des appareils électroniques, on exploite - depuis de nombreuses années - des adultes et des enfants d’Afrique et d’Asie. Qu’il s’agisse d’extraire les matières premières des sols ou d’assembler les différentes pièces, cette main d’œuvre est exploitée, sous-payée et maltraitée. Leurs conditions de travail misérables découlent directement de la surconsommation et des riches entreprises capitalistes qui n’hésitent pas à draper leur communication de social washing. (voir ici, et ici, et ici, etc.).

Le mirage du recyclage !

Le recyclage va nous sauver !”, voici le discours ambiant diffusé notamment par notre gouvernement ou la célèbre marque à la pomme avec son robot “daisy”. Sauf que dans le domaine de l’électronique, le recyclage est très loin d’être efficace ! En effet, les produits électroniques sont constitués d’un si grand nombre de matières premières - parfois associées au niveau atomique - qu’il est pour certains éléments quasiment impossible de récupérer ces matériaux. Il est donc primordial de repousser l’étape de recyclage matière le plus loin possible, c’est pour cette raison que notre coopérative ne se sépare d’aucun appareil afin de pouvoir les réutiliser pour pièce le plus longtemps possible. .

Les autres externalités du numérique ?

Bien que la phase de production d’un smartphone concentre la majorité des impacts sociaux et environnementaux, il est à déplorer d’autres effets sur les hommes… Dans le monde occidental, la révolution numérique n’a pas apporté que des bonnes choses dans nos sociétés. Nous nous apercevons que le numérique et nos rapports aux écrans sont souvent bien loin de nous libérer de nos servitudes (contrairement à ce que l’on peut entendre dans les médias ou certains cercles sur les vertus émancipatrices de la révolution numérique). Nous en parlerons plus en détail dans un autre article.

Que faire pour tendre vers une électronique plus responsable ?

Les mesures politiques “de bon sens” à mettre en place rapidement sont pléthoriques… par exemple : (1) l’interdiction de la publicité des produits électroniques, (2) l’obligation de la standardisation des pièces détachées inter-marques, (3) la limitation du nombre de nouveaux modèles développés par les marques (par exemple, 2 modèles tous les 5 ans dans un premier temps, puis 1 tous les 10 ans ensuite), (4) la liberté d’installer un OS libre sur n’importe quel appareil, (5) l’augmentation de la durée légale de garantie et de disponibilité des pièces détachées à 7 ans (dans un premier temps), etc. Autant de mesures que Commown défend, mais pour l’instant, autant dire qu’elles ne font pas encore consensus dans les réunions de lobbyistes auxquelles nous participons. Nous prônons également la dé-consommation pour lutter contre toutes ces externalités négatives du numérique et préserver notre planète. D’ailleurs, avant éventuellement de souscrire une offre chez nous, il est primordial de se questionner sur son véritable besoin : “Mon appareil fonctionne-t-il encore ?”, “Puis-je le réparer ?”, “Puis-je me passer d’un smartphone ?”, etc. En définitive, l’appareil le plus responsable qui soit est celui que vous avez déjà !